Qui es-tu ? Parle-nous de ta vie, de ton parcours, de ton rôle d’auteure/poétesse de tout !

Je m’appelle Suzanne Borrhomée, j’ai 34 ans et je suis poète et pédiatre à mes heures…

Mon parcours est un peu chaotique, surtout si on veut commencer par le commencement. Il faut alors revenir en région Parisienne, dans une famille modeste. Ma mère est victime d’un féminicide en 1995 et je ne suis pas capable de me présenter sans évoquer ce drame qui a tellement participé à ma construction. C’est après ça que je suis partie vivre en Guadeloupe, terre natale de ma mère, et où j’ai découvert tous les trésors dont déborde mon île, sa culture en premier. C’est aussi à la suite de ce drame que j’ai commencé à écrire. Ma sœur aînée écrit de la poésie depuis aussi loin que je me rappelle. Et j’ai sans doute commencé par mimétisme, mais c’est vite devenu un mode de communication pour moi… Bachelière à 16 ans, je n’ai pas hésité une seconde à choisir la médecine et la pédiatrie a été un choix évident. La réanimation néonatale s’est ensuite imposée à moi et je n’ai pas pu tourner le dos à cette vocation, même quand les épreuves m’ont fait douter, ou quand les cas les plus tristes m’arrachaient des larmes (ici, comprendre : des sanglots bruyants avec morve au nez, etc.).

Et lorsque je ne prends pas en charge des nouveaux nés qui luttent pour leur survie, je profite de ma petite famille et je m’occupe de mes quatre enfants, qui sont âgés de 1 à 9 ans avec l’aide de mon cher et tendre. Globalement, on peut dire que je ne m’ennuie pas au quotidien, mais je ne voyais pas ma vie autrement. Je sais que je veux être mère d’une famille nombreuse depuis toujours. Il a juste fallu rallier mon mari à cette vision…

Présente-nous ton ouvrage ? Et dis-nous pourquoi l’avoir écrit ?

Naissance d’une mère est en premier lieu une lettre ouverte à mes enfants. Et à moi-même, peut-être. Je l’ai écrite peu après la naissance de ma petite dernière, Isis, quand j’ai pris conscience du fait que je n’aurais plus d’enfants, et que je vivais ces moments pour la dernière fois. Elle était à peine âgée de quelques semaines que j’étais déjà nostalgique… Il était évident que j’avais un trop plein d’émotions à déverser sur le papier. c’est comme ça que j’ai écrit les premiers poèmes. Les autres sont venus compléter l’ouvrage au fil des semaines, presque à chaque fois avec un message à destination de mes enfants, plus ou moins dissimulé entre les vers.

Je pense que c’est une longue lettre d’amour, d’une mère à ses enfants, pour résumer.

À quel.le lecteur.rice s’adresse-t-il ? Et quels messages, émotions voulais-tu transmettre ?

Je vais reprendre la fin de ma réponse précédente, car je vois vraiment ce recueil comme une longue lettre d’amour. Alors, quelque part, toutes les mères y trouveront sans doute un écho, et pourront se reconnaître dans ces lignes. En effet, la plupart de ces expériences sont assez universelles, je n’ai pas non plus réinventé la maternité. Après, pour être honnête, j’ai laissé une grande place à ma culture afro-antillaise et à la transmission de mon héritage culturel. Alors une mère afro descendante se reconnaîtra certainement encore plus à travers ces lignes, ou au moins, elle verra le clin d’œil que je lui fais.

cela dit, je n’exclurais pas forcément les lecteurs qui n’ont pas vécu l’expérience de la maternité personnellement. Tout homme, toute femme, est le fils ou la fille d’une mère… Ainsi, chacun peut retrouver dans ces lignes la voix d’une femme qui donne la vie et se rappeler de celle qui l’a porté. Celle qui a porté son enfant.

L’émotion principale que j’ai voulu transmettre c’est l’amour. Je n’en citerais pas d’autre, parce que c’est la première et la dernière, et elle entoure toutes les autres. Même le poème intitulé « la colère » est un message d’amour… Si l’on y regarde de plus près.

Quels sont les souvenirs que tu gardes de la naissance de tes enfants ? De toi, en tant que mère ?

Je n’en ai hypocritement gardé que de bons souvenirs, et je ne plaisante même pas. J’ai adoré être enceinte, être énorme, avoir les émotions sens dessus dessous, accoucher, allaiter… C’est vrai, je suis sérieuse. Est-ce que j’ai déjà vomi dans une poubelle devant un patient? Pleuré devant un épisode de Franklin la tortue? Insulté et maudit mon mari lors des contractions? Oui, oui et oui. Pour autant, ce sont des moments uniques et le résultat en vaut largement toutes les épreuves. Je garde de particulièrement bons souvenirs de mes deux derniers accouchements qui ont eu lieu à domicile, de façon inopinée une fois et préparée la seconde fois. Dans de bonnes conditions et avec ma super sage-femme, je suis persuadée qu’il n’existe pas de meilleure façon de mettre au monde.

Mes souvenirs de moi, en tant que mère, c’est une autre histoire… Je sais que je les aime aussi fort qu’on puisse aimer, et je crois que je fais de mon mieux, la plupart du temps. Le reste du temps, je fais comme je peux, avec mes (nombreux) défauts, et j’espère ne pas trop les abîmer. J’espère juste que tous les jours, à chaque seconde, ils savent qu’ils sont aimés, et qu’ils méritent d’être aimés.

Quelles sont les principales qualités de ton œuvre ?

Elle est brute. Je ne sais pas si c’est une qualité… Elle est honnête, sans tabou, ni concessions. Je ne l’ai pas écrite dans l’optique d’une publication, donc je ne me suis pas demandé ce que quiconque en penserait. Et le rendu est authentique, du coup.

Pourquoi choisir de publier de la poésie ?

Bonne question, tu devrais la poser à Jeanne Sélène, mon éditrice, parce que c’est un style qui se vend peu… Je plaisante, hein, ne va pas lui faire changer d’avis!

Je ne sais plus quel poète disait : « Être poète et éditeur de poètes, c’est être deux fois pauvre, et deux fois riche ». Je l’ai lu récemment, et j’ai envie de le citer depuis, eh bien, c’est l’occasion. Ce n’est pas de moi, mais c’est ma réponse

Quelles sont tes inspirations pour tes écrits ?

Mes lectures sont très éclectiques, et une de mes poètes préférée est Ntozake Change, même si je ne suis pas certaine de m’inspirer d’elle dans ma façon d’écrire. Sinon je lis de tout, en particulier des romans policiers, ou en termes de fiction, tout ce que Fatou Diome écrit… Si la question est de savoir ce qui fait naître en moi l’envie d’écrire, ce sont mes enfants, ma mère, et toutes les mères, et les femmes exceptionnelles dont je suis entourée et qui me servent de modèle.

Pour les autres récits que j’écris, je m’inspire de tout ce qui m’entoure, mais on trouve toujours une trace de mon histoire quelque part, une marque que je laisse, sciemment, dans tout ce que j’écris.

Quand est-ce que ce travail d’écriture s’est amorcé ?

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé écrire. Mais ce recueil a débuté après la naissance d’Isis. Quelques jours après sa naissance, mon allaitement avait du mal à se mettre en route, alors que je me considérais comme une professionnelle parmi les professionnelles de l’allaitement. C’est à ce moment-là que j’ai écrit allaitement et baby blues… le reste a suivi tout seul.

Quels sont tes projets d’écriture pour l’avenir ?

Tu vas rire… Tu connais la légende antillaise des soukougnans ? Ces personnes insoupçonnables le jour, capables de se transformer en créatures mythiques la nuit, pour commettre moult méfaits… Eh bien, j’ai sous le coude un roman tiré de cette légende. C’est un projet que j’ai en moi depuis plus d’une décennie, et que j’ai enfin réussi à mettre sur papier. Peut-être que je me lancerais et le ferais lire, qui sait?


8 commentaires

FLETCHER · 19 janvier 2022 à 19h05

Bonjour cousine, je dis juste un mot BRAVO.
Tu ne me connais peu être pas mais moi si.
Continue dans cette voie et que DIEU te bénisse ainsi que ta famille.

    Suzanne · 19 janvier 2022 à 21h48

    Merci ma cousine (je devine… Stella, la grande sœur de Yoanna?) Je me rappelle de toi, toujours douce et gentille. J’espère te revoir bientôt
    Si c’est une autre personne, merci beaucoup aussi ☺️

Nadja · 19 janvier 2022 à 21h28

My goodness, girl, you are one amazing woman! I’m so happy to know you and can’t wait to read your poetry.

All my love to you and the kids.

    Suzanne · 19 janvier 2022 à 21h46

    Thank you so much 🥰
    All my love to you as well

    Suzanne · 19 janvier 2022 à 21h49

    Thank you so much 🥰
    All my love to you as well ❤️

L'embetante · 20 janvier 2022 à 6h02

Un plaisir de lire cette petite présentation et de voir les petit cousin 😉 j’ai reçu mon exemplaire hier je vais me faire un plaisir de te lire ma cousine, sache que je suis fière de toi, de ton évolution et de ta petite famille. Continue dans cette belle lancer rempli de bonne vib’s… Paix et amour sur vous 6 😘

Delphine Blo · 20 janvier 2022 à 12h22

Tu es une femme, maman, médecin et maintenant poétesse extraordinaire …. Et je suis sure que plein de bonnes choses t’attendent encore…
Je t’admire beaucoup !!! (Et je t’aime aussi mais ça, c’est entre nous)

Yolo · 20 janvier 2022 à 16h17

Bravo ma cousine !!!! Tout est magnifiquement dit. Comme d’habitude. Je te souhaite d’être lue au delà des frontières.

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